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Les pirates fantômes
Lovecraft a écrit à propos de William Hope Hodgson :
« C’est l’un des rares qui a capturé l’essence intime de l’étrange. Parmi les connaisseurs de la fiction fantastique, William Hope Hodgson mérite constamment une place élevée, car triomphant d’un style malheureusement ordinaire, il égale ici et là les plus grands maîtres par la suggestion ambigüe de mondes et d’êtres cachés sous la surface banale de la vie. Peu peuvent égaler sa description de forces innommables et d’entités monstrueuses à l’affût, à travers des signes ordinaires et des détails significatifs, comme sa façon de suggérer la sensation du monde des spectres et de l’anormal en l’associant à des régions ou des bâtiments. »
De la même époque, mais beaucoup moins connu que Lovecraft, William Hope Hodgson a tout de même attiré l’attention du Créateur de L’appel de Chtulhu. Histoire de savoir pourquoi, j’ai tenté une première lecture avec Les pirates fantômes.
Aventure supernaturelle oblige, l’ambiance est très travaillée et aussi prenante un siècle après son écriture. Le titre peut laisser croire à une histoire de violents pirates venant de la mer pour envahir la terre, armés de spectres menaçants et inattaquables, dans une atmosphère à la John Carpenter sur fond de Pirates des Caraïbes. Ce serait une vague idée, mais complètement à côté de la plaque !
Pont littéraire entre Edgar Allan Poe et l’époque des Weird Tales, toute la subtilité de cette histoire est dans les silences pesants et inquiétants, menant l’intrigue à un point culminant d’horreur et de silence final où même les fins alternatives de l’édition (publiées a plusieurs années d’intervalle selon les corrections de l’auteur) laissent une large part à l’imagination du lecteur.
Imaginez un jeune matelot à la garde d’un navire. La nuit est calme. La lune aussi pleine que belle. Le bateau est loin du rivage et de tout autre navire. Puis soudainement, il pense reconnaître “la forme d’un homme” se précipiter sur le pont. Tout commence là, et le récit principal est raconté à des inconnus pour témoigner du massacre ayant eu lieu à bord. Que l’équipage ait confronté des fantômes ou non, tout sort de la bouche d’un seul et unique témoin, secoué par les événements et retrouvé à moitié mort en mer. Selon les propos du navigateur, seuls quelques compagnons détectent au début une présence étrangère. D’autres peuvent en savoir plus. Avant d’embarquer, le doute plane déjà au moment d’amarrer où déjà “trop d’ombres s’assemblent” autour du bateau.
Pour un homme qui a très clairement exprimé son dédain pour la carrière de marin qu’il a connu, Hodgson décrit ses navigateurs avec beaucoup de justesse, sans masque de brute inculte ou de barbare sanguinaire trop facile à utiliser. Le récit mets face à des dangers et des phénomènes étranges qui n’ont finalement aucune explication, et sont simplement conceptualisés à travers des métaphores inexactes et inquiètes. Une horreur qui ne peut être conquise, mais endurée.
La fin même du récit ne peut donner de mots pour décrire ce qui est arrivé. Si les termes nautiques, le jargon des mâts, de l’équipement, des allures et de la navigation ne vous effraient pas, l’intrigue est remplie de détails maritimes assez surprenants, pour ajouter une couche de réalisme assez en décalage avec l’imprécision fantomatique pesante !
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