Le Maître et Marguerite

En recherche d’une histoire fantastique, pleine de diables loufoques et de suppôts de Satan risibles mais où, dans chaque page, on peut détecter une critique du système stalinien qui sévissait à l’époque ? Le Maître et Marguerite, plus qu’un classique, est un chef d’oeuvre plaisant à lire, fantasque et dépaysant.

Mikhaïl Boulgakov alterne les situations burlesques, scènes de science-fiction aux allures kafka-esques, tableaux tragiques, moments mystiques et pieds de nez aux traditions occidentale : le lecteur est embarqué dans un univers à la fois sombre et plein d’espoir. Comme souvent, avec la littérature russe d’ailleurs. Quand le présent est désespérant, l’imaginaire et l’espoir surnaturel sont des refuges naturels vers lesquels on se tourne. Voilà qui fait forcément réfléchir.

Parmi les classiques, beaucoup donnent l’impression de se ressembler entre eux, Le Maître et Marguerite fait pourtant parti de ceux qui ne ressemblent à aucun autre roman. Les premiers sont donc assez interchangeables comme les listes de lectures scolaires. Les second marquent plus durablement, cet ouvrage fait indiscutablement parti de ceux-cis.

Hormis les notes explicatives sur le contexte historique et politique communes à toutes les éditions courantes, il est impossible de ne pas faire de parallèles avec notre époque. A travers les pages, Boulgakov permet de lire un écrivain à la fois courageux et rebelle, tel le personnage du Maître, mû par une volonté de témoigner de son temps. La construction narrative faussement éparpillée dans le temps et les genres est au début déroutante mais surpenament maîtrisée. Chaque personnage est le maillon d’une chaîne qui se laisse découvrir pour donner un tout cohérent et un final saisissant. La grande originalité de l’écriture, le cynisme et l’humour ne laissent pas indifférent.

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